Nicolas Dietrich  /  Photographe humaniste et urbain

Quelles sont vos motivations ? :

 

Maria : J'ai envie de créer un pont entre le passé, le présent et les nouvelles générations. J'aime le fait que certaines choses se soient maintenues à Amorgos, contrairement aux autres îles devenues très touristiques. Je souhaite conserver les anciens savoir-faire et les renouveler, les moderniser un peu.

Semeli : J'ai envie de répondre l'île en elle-même, sa beauté, sa particularité, et sa manière d'avoir maintenu certain petits aspects perdus sur d'autres îles et endroits de Grèce. J'ai observé qu'il y avait ici une vraie opportunité d'agir différemment. Quand je suis arrivée, j'ai dit "waw, c'est un lieu à part". C'est ce que je veux maintenir, cette impression donnée aux visiteurs  et aux locaux que ce lieu est unique.

 

Tu vois derrière nous ces deux personnes sur la terrasse en train de boire un café ? Cette image, je veux la préserver, la maintenir. Sur les autres îles, tu as perdu cela, tu as des commerces pour les touristes, mais je ne sais pas où se trouvent les locaux. Ils ont disparu quelque part... Ici, il y a encore de la mixité, c'est ouvert, très amical et tu peux toujours échanger avec eux. Tu peux t'asseoir, prendre un café, discuter, apprendre. C'est ce qu'on veut préserver. On veut développer le tourisme, mais d'une manière qui n'exclut pas les habitants, dans la dignité.

 

Ce qui est encourageant, c'est que la nouvelle génération maintient ces traditions. On espère que cette atmosphère restera dans le futur.

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Et votre rêve :

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Semeli : C'est exactement ce dont on vient de parler. Faire en sorte que les locaux gardent cet équilibre entre tourisme et cadre de vie. Depuis quelques années, les touristes sont à la recherche d'autres expériences, plus authentiques. Nous avons cette opportunité à saisir. Maintenir un équilibre entre nature, locaux, touristes, traditions. Amorgos a le potentiel pour être un exemple pour les autres communautés. L'île a de la ressource, une bonne taille, avec moins de 2000 habitants permanents. C'est une bonne dimension pour expérimenter.

Maria : Ce qui est intéressant également c'est qu'il y a ici des productions locales, un circuit économique.

 

Semeli : L'île n'est pas forcément connecté donc c'est important d'être autonome et pas totalement dépendant.

 

Maria : C'est un peu le problème de la Grèce, une trop grande dépendance au tourisme. Ça crée un déséquilibre.

 

Semeli : Nous devons avoir confiance en nos propres forces et capacités. Ce qu'on a malheureusement perdu. On a ce sentiment d'être inférieurs au reste de l'Europe sur le plan économique ou financier, alors que sur d'autres aspects on se sent supérieurs (rires). C'est un peu la contradiction. Et les limites de cette dépendance, on les voit encore plus cette année avec la COVID.

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Une phrase qui vous décrit :

Semeli : Je ne suis pas bonne pour ça, mais je dirai : "ensemble nous pouvons agir". Quelque chose dans ce genre. Je sais, c'est très cliché, mais c'est vrai. Mais la clé, c'est "ensemble". Oui je dirais ça, "ensemble on fait des choses". Tout seul tu peux mais...

 

Maria : ...tu n'es pas toute seule (rires). On est pas tout seul. Ce serait ma phrase.

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Ce que vous souhaitez laisser aux générations futures :

 

Maria : J'espère juste que les générations futures n'auront pas à hériter de ce que nous avons hérité des générations précédentes, comme les gouvernements corrompus tout ça... J'espère que les générations futures pourront être fières de nous.

Semeli : Ce que je souhaite aux générations futures, c'est de pouvoir s'asseoir et écouter les anciennes générations. Chose qu'on ne fait pas habituellement quand on est jeune. Les anciens ont des savoir-faire. Or, quand on est jeune, on ne s'y intéresse pas, on ne veut pas les apprendre, on ne pose pas de questions. Et quand finalement on s'y intéresse, les anciens ont disparu. C'est toute une connaissance qu'on perd. Si j'avais su, je me serais assise pour écouter.

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Un dernier mot :

 

Semeli : Simplement si vous venez à Amorgos, prenez le temps de vraiment visiter l'île en découvrant son patrimoine, son environnement et sa particularité. Tout en le respectant. On cherche aussi des volontaires pour des travaux manuels, notamment pour le maintien des terrasses ;-)

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Le contexte : Alors là, c'est une bouteille à la mer qui a fonctionné. Déjà présent sur l'île, je n'avais identifié personne pour participer au projet. Au moment où je visionnais à nouveau un reportage sur l'île, j'ai découvert qu'une française s'était installée ici. Après des recherches, j'ai obtenu ses coordonnées. Elle travaillait pour une agence de voyage locale. Je pensais qu'elle serait une ressource clé pour identifier quelqu'un. Et en fait, c'est Semeli qui m'a répondu, puisque c'est son associée. Le lendemain matin, je prenais un verre sur une terrasse avec elle et Maria, Giannis n'étant pas disponible mais a quand même pris le temps de me saluer. Merci à elle pour leur gentillesse et ce bel échange.

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Interview réalisée le 23 juillet 20120 à Lagadha, Amorgos

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Suivre leurs aventures (leur association a officiellement été créée depuis) :

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