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Montpellier /

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Nom : MARA

Âge : 24 ans

Lieux d'intervention : Montpellier, FRANCE et partout ailleurs où des murs se dressent

 

Raconte nous un peu ton histoire :

 

Ma base, c'est le dessin. Je dessine depuis toujours. En ce qui concerne le collage, cela va faire 7 ans que j'ai créé ce personnage avec une croix en guise de visage. C'est avec ce dessin que l'on peut me reconnaître aujourd'hui. J'essaie de développer et de proposer quelque chose de plus intime avec lui.

 

J'en suis arrivé juste avec des rencontres, des discussions, des expos que j'ai pu voir, des paroles que j'ai pu échanger, des plats que j'ai pu manger. Tout ce qui te fait grandir.

Peux-tu nous parler de ton engagement ? :

 

Mon action, vulgairement, c'est coller mes dessins sur des murs. Techniquement, c'est ce que je fais. Mais au delà de ça, c'est ma manière la plus naturelle de m'exprimer. Certains vont préférer parler, graffer, même tweeter. Moi, mon mode d'expression c'est le collage, c'est dessiner mes pensées, mes idées. C'est retranscrire en dessin ce qu'il y a dans ma tête, puis coller ça directement dans la ville pour avoir une espèce de discussion avec les gens qui peuvent les voir. Cela créé un lien et des discussions vraiment intéressantes. Et oui, c'est comme ça que je m'exprime.

Je pense qu'on est tous engagés, après c'est une question de retenue, c'est à l'échelle de chacun. Je suis hyper engagé dans ce que je fais. C'est à dire que je vais beaucoup m'informer, sur plein de médias ou de réseaux différents. Parfois, c'est vraiment m'informer juste pour avoir l'information comme tout le monde. D'autres fois, c'est d'observer la manière dont l'information a été donnée. C'est vraiment prendre du recul. Mon engagement dans mon art, c'est juste prendre du recul sur tout ce que je vois.

 

A force de parler avec des artistes ou des gens que ça peut intéresser, ce qui ressort beaucoup de mon travail, ce sont les termes d'engagement, voire de journalisme. Je ne suis pas forcement d'accord car que je ne donne pas d'actualités à travers le dessin. Je n'informe pas les gens. En général, ce que je fais, c'est de retranscrire à ma manière ce que je vois. C'est pour dire aux autres comment je vois le monde. C'est une fenêtre pour aller dans ma tête directement. Je ne vais pas partir en mode reporter, chercher l'information, puis la coller pour informer les gens. J'ai pas du tout ce rôle là et c'est deux trucs qui n'ont rien à voir.

 

Je pense que le fait de travailler dans la rue en soi, c'est un engagement parce que d'un coup, tu dis : "la rue, elle est à moi". Tu t'y places de force, c'est un côté assez intrusif. C'est un des seuls lieux qui est commun à tout le monde. On a chacun son appartement, sa petite vie, mais la rue, c'est un lieu de passage, de rencontres. C'est le quotidien des gens. Admettons, t'as ton même chemin tous les jours, tu dois aller de chez toi jusqu'à ton taffe, ton taffe jusqu'à chez toi, et à un moment, sur ton chemin je vais installer un de mes collages, avec mes idées et mes idéaux. Là, ça va être assez intrusif. Je t'ai pas demandé ton autorisation. Je t'ai pas demandé ton accord. Je m'incruste un peu sur ton chemin, dans ton quotidien et un peu sur ton monde à toi. Sans me lancer trop de fleurs, tu changes un peu le monde de quelqu'un parce que tu vas interférer dans son quotidien.

 

Je suis aussi dans le camp de celui qui peut recevoir le point de vue de quelqu'un. Je reste assez passionné par ce mouvement là. Je suis hyper attentif à ce qui peut se faire.

 

Ça fait du bien de voir un mec qui s'est creusé la tête pour essayer de nous sortir son point de vue. Il y a toujours quelque chose à en tirer, si tu fouilles un peu. Si t'essayes de creuser un peu au lieu juste de regarder le superflu, t'as toujours moyen d'avoir une espèce de connexion avec l'artiste qui a posé ça.

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Quelle est ta motivation ? :

 

Je me suis souvent posé la question. Si je dois être très honnête, ce qui me booste vraiment, c'est l'envie de ne pas travailler. J'ai un profond respect pour les gens qui se lèvent le matin, qui vont au taffe. Parce que je trouve ça fort à faire. Mais c'est pas quelque chose dont je rêve. Donc, au final, c'est ce qui me pousse tous les jours pour dessiner, pour coller. Mais au delà de ça, j'en ai besoin. Rien que ça, c'est une motivation suffisante.

Et ton rêve :

 

Mon rêve ? A titre personnel, je kifferais voler par exemple. Ça c'est mon rêve.

 

Mais vraiment par rapport à ce que je fais, c'est pas tant des rêves. J'ai beaucoup d'ambition dans ce domaine là et je ne vois pas ça comme des rêves. Mais plus comme des étapes à franchir et des buts à atteindre. C'est pouvoir vivre toujours de mon art. Mais quand je dis vivre, ce n'est pas financièrement. Vivre, c'est vraiment voyager, c'est pouvoir être sur des projets qui te font vraiment vibrer avec ce que tu peux faire. Et pour moi, c'est ça, vivre de son art. Au delà de pouvoir payer ses factures parce que si ce n'est que ça, je vis de mon art. Mais je trouve ça bidon. Si c'est ça vivre de son art, c'est une arnaque.

 

Pour moi, vivre de son art, c'est kiffer avec ce que tu sais faire. Partir au fin fond du Vietnam et se débrouiller avec ce que tu fais. Sans point d'attache. Avec tes compétences, avec ta manière de penser, tout le flux créatif qui est avec toi et tes mains.

Une phrase qui te décrit :

 

Ma devise ? Un truc que je dis souvent avec mes potes. Quand on se voit, quand on discute, que je peux donner ce conseil : "fais avec ce que tu as". C'est avec cette phrase que j'en suis arrivé au collage.

 

Je savais quand j'étais gamin que je voulais travailler dans la rue, que je voulais dessiner et que je voulais faire des expos. Mais clairement, je n'avais pas les moyens de m'acheter une centaine de bombes pour réaliser une fresque ou quatre litres de peinture pour des toiles. Du coup, j'ai fait avec ce que j'avais. J'ai trouvé ce système, le collage. C'est simplement du papier et de la colle, tu t'en sors avec ça. Je ne voulais pas me cacher derrière "je kifferais trop faire ça, mais il me manque ça". Il n'y a rien de pire que d'être bloqué par des questions de moyens. Donc, au lieu d'attendre que ça tombe du ciel pour pouvoir enfin réaliser ton projet, tu réalises quand même avec ce que t'as. Mais même aujourd'hui, c'est aussi un mode de pensée que j'essaye d'avoir et de transmettre aux gens autour de moi. Je ne supporte pas ça, quelqu'un qui a une idée en tête, mais qui est bloqué, qui veut absolument la faire d'une manière et pas d'une autre. Et en fait, je pense que tu te bloques. Peut-être que tu as peur de réaliser ça, ou tu as peut être la flemme. Je trouve ça dommage. Donc, faut faire avec ce que tu as. Si tu veux faire un truc, il y a toujours un moyen.

Ce que tu souhaites laisser aux générations futures :

 

Aux générations futures ? Moi, par exemple, j'ai des petits cousins. Ils ont entre 1 et 10 ans. Je passe beaucoup de temps avec eux. Et c'est vrai je me pose pas mal la question au final parce que j'ai 24 ans. Je suis encore jeune mais je suis de la génération au dessus d'eux. T'es obligé de te poser la question. Surtout avec tout ce qui peut se passer. Et franchement, je ne sais même pas si j'ai envie de laisser forcement moi, à titre personnel, quelque chose. J'ai pas ce délire un peu des peintres qui estiment que la peinture, c'est leur moyen à eux d'être immortel. Je peux comprendre, complètement, mais vraiment, moi, je m'en tape.

 

Très honnêtement, ce n'est pas quelque chose qui me parle plus que ça. D'autant plus que le côté éphémère du collage de dessin, je trouve ça super intéressant. Au bout d'un moment, ça meurt, c'est pas pérenne du tout.

 

Donc, à la question "qu'est ce que j'aimerais laisser aux prochaines générations?" Bah, je ne sais pas. Un bon souvenir déjà, c'est pas mal, on va dire ça un bon souvenir. On va rester humble.

Le contexte : La rencontre avec Mara a été possible car nous avons été associés pour une performance artistique commune, durant laquelle nous avons passé plusieurs heures ensemble. J'ai appris à le connaitre à ce moment là, lui et son art. J'étais bluffé par sa vision, et c'est tout naturellement que je lui ai demandé de participer à mon projet.

Interview réalisée le 14 juin 2019 à Montreuil, SEINE-SAINT-DENIS

Suivre ses aventures :

   Instagram : mara_mtp

   Facebook : Studio Abawé

   Site web : Studio Abawé

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