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Sevran /

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Nom : MAXO

Prénom : Fifamé

Âge : 31 ans

Lieux d'intervention : Partout ! Dans la rue, dans le cadre des ateliers que j'anime... Je peux être posé dans un abris bus et je croque. Je vis art, tout simplement.

 

Raconte nous un peu ton histoire :

 

Je viens de Guadeloupe, l'île papillon. Petite île magnifique au milieu des Caraïbes où il y a beaucoup de choses positives mais aussi des moins bonnes. Je suis arrivé en métropole plus tard, en 2006, après mon bac littéraire.

Depuis petit, on m'a toujours dit : "trouve un métier". Dans le sens sois salarié comme tout le monde. Mais au fond, j'avais ce besoin de créer. Un jour j'ai pris un crayon et une feuille, je me suis mis à dessiner et je ne me suis jamais arrêté. C'était tellement spontanée en fait.

Être artiste est ma vocation. J'aime être dans mon coin, mon petit crayon, ma feuille, de la musique dans les oreilles et dessiner quelque chose. Je n'ai jamais l'impression que c'est du temps perdu.

Après il y a eu des événements marquants qui m'ont poussé à améliorer ma créativité, mais sinon la culture du dessin c'est vraiment quelque chose que j'aime.

Être artiste pour moi c'est créer. C'est ce qui a été donné de mieux à l'Homme, la capacité de se poser un moment, de réfléchir, de se dire "qu'est ce que je vois en moi et comment je peux le faire sortir". Le processus créatif est un pilier dans ma vie. Je n'aime pas uniquement consommer, j'aime inventer, innover. Ça me permet également de rester curieux, de toujours regardé ce qui se passe, de m'informer même si ce n'est pas un savoir utilisable dans l'immédiat. J'archive du savoir pour pouvoir ensuite réaliser des passerelles entre connaissances. Ça structure vraiment ma démarche.

 

Au final, la vie sur Terre peut être courte, on peut mourir du jour au lendemain. Je me suis dit "autant avoir une pratique qui m'accompagne au quotidien et qui soit quelque chose de positif, tout au long de mon chemin de vie". J'ai commencé à dessiner très jeune, vers 15 ans, et je pense que je vais mourir dans ça, à 70, 80 ou 120 ans. Il parait que les artistes vivent longtemps (rires). Mais j'espère que je serai encore là avec mon aquarelle, mes bombes, mes pinceaux pour faire ce que je sais de mieux.

Peux-tu nous parler de ton engagement ? : 

Je cherche toujours à trouver une utilité sociale à l'art. C'est la démarche qui structure mon action. J'essaye de dépasser la simple fonction esthétique. Et ça fait maintenant 10 ans que j'y réfléchis. J'ai déjà trouvé des éléments de réponses tangibles. Une partie de la réponse est l'éducation. On peut utiliser l'art comme un vecteur pédagogique pour transmettre des valeurs et des connaissances. Mon objectif, à ma petite échelle, est de former au moins 1 000 jeunes au streetart. C'est important pour moi car j'ai observé un manque. Quand j'ai voulu apprendre le streetart, il n'y avait pas d'école. Il fallait aller dans la rue, observer les graffeurs, aller à la rencontre de ce savoir. Mon but est aussi d'amener ce savoir aux gens. Car s'il n'est pas enseigné, s'il ne dispose pas d'institutions, de lieux qui permettent de le légitimer, il va tout simplement disparaitre.

 

Après je dis 1 000 aujourd'hui mais ça pourra être 10 000, faudra juste l'aide qui va avec (rires), mais pour l'instant soyons modeste.

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Quelle est ta motivation ? :

 

J'ai eu plusieurs motivations, selon les âges. Quand j'étais plus jeune et que je découvrais le graffiti, c'était plutôt le fait d'appartenir à un groupe, d'être dans un crew, de partager une culture commune. C'était un élément moteur. Aujourd'hui c'est mon fils, sans hésitations. Quand je vois sa petite tête le matin, ça me challenge.

Et ton rêve ? :

 

Paradoxalement, j'ai les pieds sur terre. Mon rêve c'est simplement de pouvoir vivre de mon art. Si je pouvais me lever un matin, et uniquement dessiner, je serais heureux. Mais dans le monde dans lequel on vit c'est impossible, sauf si tu as un cadre.

 

Et je me suis rendu compte qu'avec ces contraintes, je pouvais quand même vivre mon rêve. En fait, il ne suffit pas de créer, car ça n'aura pas d'impact, de plus value dans la vie des gens. Ça n'aura pas vraiment d'utilité sociale. Je passerais à côté de quelque chose de plus grand qui est la vie sur Terre. C'est quelque chose que je veux intégrer dans ma dimension artistique. Donc au final, m'intéresser à ce qui se passe, aux problématiques et à chercher à les solutionner, me permet de passer une partie de ma vie à me concentrer sur la peinture.

Une phrase qui te décrit :

 

Ce serait une citation de Victor Hugo : "Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. L' ignorance est la nuit qui commence l' abîme"

Ce que tu souhaites laisser aux générations futures :

 

Beaucoup de choses positives. Des outils pour appréhender le monde dans lequel on vit, son environnement immédiat. Sans grille de lecture, on passe à coté de beaucoup de choses, comme l'art par exemple.

 

S'ils pouvaient s'intéresser à l'instruction, ce serait génial, il y a une forme d'épanouissement dans le savoir. Il y a beaucoup de bêtises dans l'ignorance. C'est pas grave de se tromper, ça fait partie du processus d'apprentissage. Mais répéter plusieurs fois ses erreurs et ne pas avoir cette curiosité intellectuelle, ça entraine la démence. L'ignorance pousse à faire du mal aux autres parce que si ces personnes savaient, possédaient l'interculturalité, partageaient certaines valeurs avec des lunettes plus adaptées, il y aurait beaucoup moins de violence, d'incompréhension.

 

L'amour du savoir, chercher à s'instruire. Instruisez vous, apprenez, soyez tolérants...

Le contexte : J'ai été missionné pour photographier Fifa lors d'un de ses ateliers dessins. Le courant est tout de suite passé entre nous. Depuis, nous sommes devenus amis, et nous collaborons sur de nombreux projets.

Je voulais aussi le remercier, car c'est avec lui qu'a démarré ce projet mais surtout, il m'a aidé à lancer mon offre d'animation d'atelier. Sa méthode et sa démarche m'ont énormément inspiré.

Interview réalisée le 18 juillet 2019 à Melun, photos prises le 5 août 2018 à Sevran

Suivre ses aventures :

   Instagram : Maxo Art Store

   Website : Maxo Art Store

   Youtube : Fifamé Maxo

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