Nicolas Dietrich / Photographe humaniste et urbain
Strasbourg /
Nom : AYHAN
Prénom : Baris
Âge : 34 ans
Lieux d'intervention : Strasbourg et Bischwiller, Alsace, FRANCE
Raconte nous un peu ton histoire ?
C'est un projet que j'ai initié en 2015 lors d'un voyage effectué à travers plusieurs pays. J'ai quitté Bischwiller durant une année pour parcourir l'Europe de l'Est, le Moyen-Orient et les pays du Caucase. Je ne voulais pas que ça soit un voyage individuel sans aucun sens : mon voyage s'appellerait "Musique pour la Paix". L'idée était d'aller vers les autres, découvrir leurs cultures, prendre des notes, enregistrer, filmer et sélectionner une chanson de ces gens pour me faire un répertoire.
Mon engagement, c'est de montrer la diversité à travers la musique.
Dans les chansons, les histoires des chansons en général, les thèmes sont l'amour et la paix. Ce sont les deux principaux sujets, sur un répertoire d'à peu près 19 langues.
Peux-tu nous parler de ton engagement ? : (Baris et son groupe interviennent en milieu scolaire)
J'interviens auprès des enfants pour leur partager les chansons que j'ai apportées de mes voyages et notamment la découverte des chants, des instruments et des musiques du monde. Je leur parle également des pays visités, on aborde ainsi l'histoire et la géographie. Il y a de la découverte, peut être la culture d'un des choristes ou bien d'un des élèves parce que là où j'allais, c'était plus ou moins les pays dont mes amis étaient originaires. Dans les écoles où j'interviens, il y a toujours un jeune qui est de cette culture, de ce pays.
Les enfants se découvrent eux-mêmes, ils découvrent en classe leur pays d'origine et ils peuvent le partager avec leurs camarades. C'est très important pour nous. Autre exemple, à Bischwiller, la ville où j'ai grandi et dans laquelle j'interviens régulièrement, diverses cultures se côtoient. Le fait d'apprendre aux enfants une langue d'une culture présente dans la ville à des enfants issus d'une autre culture donne une toute autre image de soi. Il y a une belle multiculturalité qui m'inspire beaucoup et me donne envie de faire découvrir aux autres. De temps en temps, je fais des arrangements de chansons. J'y réunis deux langues, par exemple l'hébreu avec le turc ou l'hébreu avec l'arabe.
On partage aussi la création artistique des enfants, on leur donne la possibilité de s'exprimer à travers tout ce qu'on leur a appris. C'est important aussi.
Il y a notre groupe de musique Karmanota, qui veut dire "mélange de notes" en turc. Nous avons un répertoire multilingues de chansons, dont celles que j'ai collectées pendant mon voyage. Chaque musicien qui intègre le groupe est censé nous apprendre une chanson. C'est l'objectif. Actuellement, on est sur un répertoire de 23 langues.
Quelle est ta motivation ? :
Au début de mon voyage, c'était l'aventure qui m'a un peu boosté. Je n'avais pas l'idée de réaliser un tel projet. Je voulais juste découvrir la liberté de quitter mon boulot et de me dire : "A partir d'aujourd'hui, je suis libre, je peux aller là où je veux et j'ai un an devant moi".
J'étais un peu plus introverti, timide et avec peu d'estime de moi. Le voyage, comme le disent les voyageurs, c'est une ouverture au monde, c'est sortir de sa bulle.
La démarche était importante aussi. Notamment à cause des conflits actuels dans le monde. Tout ça, ça m'a aussi un peu motivé. Pour l'anecdote, mon prénom signifie "la paix". Les gens me disent souvent : "tes idées correspondent bien à ton prénom". Je n'en étais pas conscient avant. Peut-être qu'il y a un peu de ça, mon père ne m'a pas donné ce prénom pour rien. Je voulais un peu apaiser les gens avec les chansons, et montrer que la musique peut changer beaucoup de choses.
Et ton rêve :
Chanter des chansons dans le plus de langues possible. Avoir un répertoire varié, c'est mon rêve.
Une phrase qui te décrit :
En ce moment, je dis souvent que je dois être efficace. Faire quelque chose et accepter la manière dont c'est fait. Et le faire avec rigueur et efficacité. Je pense que c'est un mot qui est devenu important pour moi maintenant.
Ce que tu souhaites laisser aux générations futures :
Moi, ce que j'aimerais, c'est montrer qu'il existe plein de langues. Montrer qu'apprendre peut se faire par des chansons... Et pas forcément le français ou le turc, ou bien l'anglais, mais apprendre d'autres langues. Je trouve que ça, c'est très important. Au lieu d'être simplement une personne, tu deviens citoyen du monde. Je dirais qu'il faut tout faire pour être citoyen du monde.
Un dernier mot :
L'avenir, c'est les enfants. Il faut leur transmettre de bonnes valeurs et je pense que la musique, c'est quelque chose qui porte beaucoup de valeurs, et de bonnes valeurs.
Le contexte : Baris est un ami d'enfance. Son voyage, que je qualifie d'extraordinaire, est une vraie inspiration. Il était logique que Baris fasse partie de mon projet.
Interview réalisée le 22 août 2019 à Strasbourg
Suivre ses aventures :
Instagram : barish.ayhan
Facebook : Baris Ayhan
Youtube : Baris Ayhan
En bonus, un morceau joué par Baris lors de notre échange